Dans ce rapport, où la Fondation Abbé Pierre rend compte des liens entre santé et logement, il ne fait aucun doute que le mal-logement est une question de santé publique.
Selon l’OFCE, les personnes mal logées (surpeuplement, humidité, bruit) augmentent chacun de 40 % le risque pour une personne de se déclarer en mauvaise santé. Ce pourcentage atteint 50 % pour les personnes en situation de précarité énergétique.
De même, il arrive trop souvent que les problèmes de santé aggravent des difficultés de logement, voire meme y précipitent les plus fragiles. Dans les faits, une mauvaise santé est un facteur discriminant pour accéder et se maintenir dans un logement digne.
Finalement, les carences des politiques de logement et de santé s’alimentent mutuellement et sacrifient les personnes les plus vulnérables, en particulier celles qui souffrent de troubles psychiatriques. Aujourd’hui, 1/3 des personnes à la rue ont des troubles psychiatriques sévères alors que 60 000 lits en hôpital spécialisé ont été fermés au cours des dernières décennies, sans alternatives à la hauteur des besoins.
Ce 21e rapport consacre également un chapitre à la lutte contre la ségrégation urbaine.
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Comme chaque année, ce rapport dresse le tableau de bord du mal-logement à partir de chiffres actualisés, notamment grâce à une exploitation inédite de l’enquête Logement 2013 de l’Insee fortement attendue, et du suivi des politiques du logement de l’année écoulée.
Il montre la dégradation alarmante de nombreux indicateurs, qu’il s’agisse du nombre de personnes sans domicile, en précarité énergétique, en effort financier excessif ou en hébergement contraint chez des tiers.
Au lieu des 150 000 logements sociaux attendus, seuls 109 000 ont été financés en 2015, en baisse annuelle de 9 %. Un même bilan décevant concerne la production de logements très sociaux à bas niveau de quittance ("PLAI adaptés"), à peine plus de 700 ont été programmés alors que 3 000 étaient promis en 2015.
Inutile non plus, cette année encore, de compter sur la mobilisation du parc privé à vocation sociale, qui stagne à des niveaux très bas : leur nombre passe pour la première fois sous la barre des 5 000 en 2014. Un échec qui empêche de produire rapidement des logements accessibles pour les ménages modestes dans les quartiers qui en manquent et de faire reculer la ségrégation spatiale.
L’ambition réaffirmée régulièrement, depuis 2009, du "logement d’abord" peine à se concrétiser. Malgré le lancement salué, au début de l’année 2015, d’un plan de réduction des nuitées hôtelières, le recours à l’hôtel, coûteux et inadapté aux familles, poursuit sa hausse : + 23 % en 2015 après des hausses de 27 % en 2013 et en 2014, pour atteindre 40 000 nuitées quotidiennes à la fin de l’année.
La volonté affichée de privilégier le logement pérenne plutôt que l’hébergement d’urgence ne se traduit pas clairement dans les actes ou dans le budget... Et le nombre de ménages reconnus prioritaires au Droit au logement opposable (Dalo) restant à reloger ne cesse d’augmenter.
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/
Les actions en faveur du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité (discours de Sylvia Pinel)
Ministère du logement, de l'Egalité des territoires et de la ruralité - 2016-01-27