"Le sentiment d’injustice est-il plus fort aujourd’hui que par la passé ? Et si tel est le cas, ce sentiment est-il le fruit de situations réellement inégales, ou d’une sensibilité accrue aux inégalités ? Pour répondre à ces questions apparemment simples, il faut être en mesure de comparer, d’un côté, le sentiment exprimé par la population et, de l’autre, la réalité statistique des inégalités, c’est-à-dire leur dimension objective."
La Direction de la Prospective et du Dialogue Public a engagé un travail de fond sur la question de la légitimité, qui apparaît comme une question centrale des prochaines années.
Dans ce document, l’auteur Aurélien Boutaud analyse plusieurs tensions, telles que la parité homme-femmes, l’injustice territoriale ou le sentiment de déclassement, afin d'interroger la différence entre vécu et ressenti.
De l’inégalité objectivement observable au sentiment d’injustice, on passe à travers le miroir de processus intangibles, et qui pourtant structurent en profondeur les mouvements de la société. Cette tension sociale ne cesse d’interpeller l’action publique et d’appeler des réponses politiques, car elle constitue l’une des bases de leur acceptabilité. Transversale, on la retrouve au cœur des débats sur les politiques de développement durable, de mobilité et d’urbanisme, de politique de la ville, ou encore dans des questions a priori plus "techniques", telles que celles liées à la distribution d’eau potable.
Pour les agents des services publics, acteurs de la cohésion sociale, l’impression est chaque jour plus grande d’être confrontés à des citoyens-usagers se percevant comme en concurrence les uns avec les autres, et dénonçant systématiquement un "système" injuste.
Progressivement, les clivages sociaux semblent glisser de la traditionnelle lutte des classes vers la confrontation d’identités singulières, avec comme premier enjeu la dignité de chacun, plutôt que l’égalité entre tous. De plus en plus éruptive, la société se fragmente, le débat public consacrant chaque jour plus de place à la juxtaposition de revendications particulières, au détriment de solidarités traditionnelles. Il n’est pas question de douter de la force des progrès récents en matière de lutte contre les discriminations, obtenus par le biais de ces mobilisations nouvelles. Au contraire, il s’agit de mieux en comprendre les ressorts, et éventuellement d’en prévenir les écueils.
Comprendre le sentiment d’injustice, c’est entendre les raisons de la colère. Prendre le temps de décrypter les sentiments de l’autre, c’est renforcer sa légitimité à agir en son nom. Finalement, on ne parle là que de démocratie. Chaque jour, un fossé se creuse, qui sape un peu plus les fondations de notre maison commune. C’est pour tenter de le combler que ce vaste chantier a été lancé sur Millénaire3.
Grand Lyon / Millénaire3 - Document complet - 2020-09-01
La Direction de la Prospective et du Dialogue Public a engagé un travail de fond sur la question de la légitimité, qui apparaît comme une question centrale des prochaines années.
Dans ce document, l’auteur Aurélien Boutaud analyse plusieurs tensions, telles que la parité homme-femmes, l’injustice territoriale ou le sentiment de déclassement, afin d'interroger la différence entre vécu et ressenti.
De l’inégalité objectivement observable au sentiment d’injustice, on passe à travers le miroir de processus intangibles, et qui pourtant structurent en profondeur les mouvements de la société. Cette tension sociale ne cesse d’interpeller l’action publique et d’appeler des réponses politiques, car elle constitue l’une des bases de leur acceptabilité. Transversale, on la retrouve au cœur des débats sur les politiques de développement durable, de mobilité et d’urbanisme, de politique de la ville, ou encore dans des questions a priori plus "techniques", telles que celles liées à la distribution d’eau potable.
Pour les agents des services publics, acteurs de la cohésion sociale, l’impression est chaque jour plus grande d’être confrontés à des citoyens-usagers se percevant comme en concurrence les uns avec les autres, et dénonçant systématiquement un "système" injuste.
Progressivement, les clivages sociaux semblent glisser de la traditionnelle lutte des classes vers la confrontation d’identités singulières, avec comme premier enjeu la dignité de chacun, plutôt que l’égalité entre tous. De plus en plus éruptive, la société se fragmente, le débat public consacrant chaque jour plus de place à la juxtaposition de revendications particulières, au détriment de solidarités traditionnelles. Il n’est pas question de douter de la force des progrès récents en matière de lutte contre les discriminations, obtenus par le biais de ces mobilisations nouvelles. Au contraire, il s’agit de mieux en comprendre les ressorts, et éventuellement d’en prévenir les écueils.
Comprendre le sentiment d’injustice, c’est entendre les raisons de la colère. Prendre le temps de décrypter les sentiments de l’autre, c’est renforcer sa légitimité à agir en son nom. Finalement, on ne parle là que de démocratie. Chaque jour, un fossé se creuse, qui sape un peu plus les fondations de notre maison commune. C’est pour tenter de le combler que ce vaste chantier a été lancé sur Millénaire3.
Grand Lyon / Millénaire3 - Document complet - 2020-09-01