Politique de la ville

Redonner goût à la rue pour favoriser l’autonomie des jeunes citadins

Article ID.CiTé du 16/12/2020



Plutôt que de se focaliser sur l’aménagement des espaces, mieux vaudrait selon l’anthropologue Nadja Monnet agir sur le regard des parents  pour (re)donner davantage d’autonomie aux enfants dans la ville .
Si les initiatives se multiplient pour que les enfants et les adolescent·e·s prennent leur place en ville, en aménageant des espaces mieux adaptés à leur intention (voir notamment Helleman 2018), en les impliquant dans des recherches ou encore en visant le label UNICEF "Ville amie des enfants", les jeunes générations semblent prises en étau entre des injonctions contradictoires.

D’une part, la société (par l’intermédiaire des parents et des enseignants) leur demande d’être autonomes rapidement et de se comporter en êtres humains responsables dès leur plus jeune âge et dans les domaines les plus variés ; de l’autre, les familles semblent de plus en plus réticentes à les laisser parcourir et explorer la ville en solitaire ou en groupe de pairs (de peur des accidents de la circulation, des mauvaises rencontres, etc.).

Dans les métropoles occidentales, il est de moins en moins fréquent qu’un enfant se rende à l’école à pied, sans être accompagné. Ceux et celles qui le font encore sont souvent perçus par les enseignants et les parents des autres élèves comme des enfants peu encadrés par leur entourage familial. Les parents qui autorisent cette pratique sont souvent tenus pour "farfelus", inconscients des dangers, voire irresponsables.

Comment donc concilier l’apprentissage des codes citadins et la volonté ou la possibilité d’autonomie des plus jeunes dans ce contexte de fort contrôle ? L’historien Philippe Ariès (1993) soulignait déjà à la fin des années 1970 que les espaces de la ville devaient être repensés non seulement pour les enfants mais également pour leurs parents. Pour que les enfants sortent dans les rues, il faut que les adultes qui en prennent soin aient aussi envie d’y être. Il s’agirait donc, avant tout, de redonner le goût de la rue aux adultes. Pour cela, ne faudrait-il pas tenter d’agir autant sur le regard des adultes que sur les aménagements des lieux ?

Soigner les liens
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