
Introduction de Benoît Céroux DSER de la Cnaf, chargé de recherche et d’évaluation : "La mobilisation du registre de la santé mentale varie également selon les caractéristiques sociales des travailleurs sociaux eux‐mêmes. Il en va ainsi du genre. En effet, les intervenants sociaux semblent d’autant plus faire appel au registre de la santé mentale qu’ils sont éloignés des soins physiques et liés à l’hygiène.
Or, associées aux missions sanitaires et au travail de care, les travailleuses sociales sont assignées à davantage de proximité corporelle avec les résidents que leurs collègues masculins. Le diplôme fournit une autre ligne de démarcation : connaissant moins finement les limites de leur exercice professionnel, les non diplômés se montrent plus enclins à recourir au registre de la santé pour valoriser leur travail.
Il en va de même pour ceux ayant une trajectoire professionnelle ascendante ou descendante notable en accédant à ce métier, le registre de la santé leur permettant de légitimer et crédibiliser leur travail. L’immersion et l’approche monographique permettent à la chercheuse de parler d’une certaine homologie entre la vulnérabilité des personnes hébergées et la précarité des conditions de travail des travailleurs sociaux.
C’est le positionnement quant à l’emploi qui peut être convoqué, établissant un parallèle entre, d’une part, l’éloignement des résidents quant aux formes classiques de l’insertion et, d’autre part, les faibles qualifications des professionnels les encadrant (quand elles ne font pas dé‐ faut, la moitié d’entre eux n’ayant pas de diplômes). L’homologie est également sociale entre résidents et professionnels. Ces derniers, moins diplômés que les autres professionnels, dont les conditions de travail sont éprouvantes et peu rémunératrices se trouvent dans une position fragile.
"Éclairer cette souffrance des professionnels au prisme de la position interstitielle dans laquelle les professionnels interviennent permet de mesurer à quel point cette souffrance est d’origine sociale".
Quelques pistes émergent pour de futurs développements, comme la segmentation professionnelle entre les différents acteurs du CHRS (à partir par exemple des usages différenciés du secret et du partage du secret médical) ou comme l’approche en termes de care. Des pistes qui, avec d’autres approfondissements, ne manqueront d’enrichir l’analyse des terrains à venir dans la recherche doctorale qu’entame Chloé Bussi."
CNAF - Document complet - 2019-02-12
Or, associées aux missions sanitaires et au travail de care, les travailleuses sociales sont assignées à davantage de proximité corporelle avec les résidents que leurs collègues masculins. Le diplôme fournit une autre ligne de démarcation : connaissant moins finement les limites de leur exercice professionnel, les non diplômés se montrent plus enclins à recourir au registre de la santé pour valoriser leur travail.
Il en va de même pour ceux ayant une trajectoire professionnelle ascendante ou descendante notable en accédant à ce métier, le registre de la santé leur permettant de légitimer et crédibiliser leur travail. L’immersion et l’approche monographique permettent à la chercheuse de parler d’une certaine homologie entre la vulnérabilité des personnes hébergées et la précarité des conditions de travail des travailleurs sociaux.
C’est le positionnement quant à l’emploi qui peut être convoqué, établissant un parallèle entre, d’une part, l’éloignement des résidents quant aux formes classiques de l’insertion et, d’autre part, les faibles qualifications des professionnels les encadrant (quand elles ne font pas dé‐ faut, la moitié d’entre eux n’ayant pas de diplômes). L’homologie est également sociale entre résidents et professionnels. Ces derniers, moins diplômés que les autres professionnels, dont les conditions de travail sont éprouvantes et peu rémunératrices se trouvent dans une position fragile.
"Éclairer cette souffrance des professionnels au prisme de la position interstitielle dans laquelle les professionnels interviennent permet de mesurer à quel point cette souffrance est d’origine sociale".
Quelques pistes émergent pour de futurs développements, comme la segmentation professionnelle entre les différents acteurs du CHRS (à partir par exemple des usages différenciés du secret et du partage du secret médical) ou comme l’approche en termes de care. Des pistes qui, avec d’autres approfondissements, ne manqueront d’enrichir l’analyse des terrains à venir dans la recherche doctorale qu’entame Chloé Bussi."
CNAF - Document complet - 2019-02-12
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