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Juris - Préjudice consécutif à la durée excessive d’un contentieux - L’Etat condamné à dédommager un collectivité

Article ID.CiTé du 14/03/2024



Juris -  Préjudice consécutif à la durée excessive d’un contentieux - L’Etat condamné à dédommager un collectivité
Il résulte des principes généraux qui gouvernent le fonctionnement des juridictions administratives que les justiciables ont droit à ce que leurs requêtes soient jugées dans un délai raisonnable. Si la méconnaissance de cette obligation est sans incidence sur la validité de la décision juridictionnelle prise à l'issue de la procédure, les justiciables doivent néanmoins pouvoir en faire assurer le respect. Ainsi, lorsque la méconnaissance du droit à un délai raisonnable de jugement leur a causé un préjudice, ils peuvent obtenir la réparation de l'ensemble des dommages, tant matériels que moraux, directs et certains, ainsi causés par le fonctionnement défectueux du service public de la justice.

Le caractère raisonnable du délai de jugement d'une affaire doit s'apprécier de manière à la fois globale, compte tenu, notamment, de l'exercice des voies de recours, particulières à chaque instance, et concrète, en prenant en compte sa complexité, les conditions de déroulement de la procédure et, en particulier, le comportement des parties tout au long de celle-ci, mais aussi, dans la mesure où la juridiction saisie a connaissance de tels éléments, l'intérêt qu'il peut y avoir, pour l'une ou l'autre, compte tenu de sa situation particulière, des circonstances propres au litige et, le cas échéant, de sa nature même, à ce qu'il soit tranché rapidement. Lorsque la durée globale du jugement n'a pas dépassé le délai raisonnable, la responsabilité de l'Etat est néanmoins susceptible d'être engagée si la durée de l'une des instances a, par elle-même, revêtu une durée excessive.

En l’espèce, l'association a saisi, le 30 novembre 2020, le tribunal administratif d'un recours pour excès de pouvoir contre la délibération du 24 septembre 2020 par laquelle le conseil municipal de la commune a prononcé le déclassement immédiat du domaine public de la parcelle O n° 76 et a décidé de sa désaffectation. Le tribunal administratif ayant, par un jugement du 22 décembre 2023, rejeté cette requête, la durée de la procédure devant cette juridiction s'établit à trois ans et vingt-deux jours. La commune est, par suite, fondée à soutenir que son droit à un délai raisonnable de jugement a été méconnu devant le tribunal administratif et que la responsabilité de l'Etat doit être engagée pour ce motif.

Si la commune fait valoir qu'elle a exposé, du fait de la durée excessive de cette procédure, plusieurs frais et surcoûts consécutifs au prolongement de la concession d'aménagement " Secteur Coeur de Ville ", il résulte de l'instruction que les sommes alléguées ont été inscrites dans le bilan financier prévisionnel annexé à l'avenant autorisant ce prolongement, lequel a été signé le 17 octobre 2022, soit à une date à laquelle la procédure engagée devant le tribunal administratif n'avait pas excédé le délai raisonnable de jugement. Il s'ensuit que, même à supposer que ces sommes lui soient directement imputables, la commune n'est pas fondée à soutenir qu'il existerait un lien de causalité direct et certain entre le préjudice matériel allégué et le délai excessif de la procédure devant la juridiction administrative.

En revanche, la requérante, qui justifie que le délai excessif de la procédure devant la juridiction administrative lui a occasionné un préjudice moral lié à une situation prolongée d'incertitude, alors que la délibération en cause s'inscrit dans le cadre d'un projet d'aménagement destiné à renforcer l'attractivité de son centre-ville, est fondée à demander que l'Etat soit condamné à lui verser la somme de 1 000 euros à ce titre.


Conseil d'État N° 488693 - 2024-03-01





 




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